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Sur la restauration de Notre-Dame de Paris

Notre-Dame ressuscitée par le génie de l’artisanat français est aussi belle qu’avant l’incendie qui l’a ravagée cinq ans plus tôt.
Mais je ne peux chasser de mon esprit l’image de la cathédrale en flammes. Elle revient se superposer à celle, présente, de l’édifice restauré, comme une manifestation de la mémoire traumatique ou un retour du refoulé.
L’un des derniers grands papes évoquait la « splendeur de la vérité » qui seule sauve et rend libre. Tant que celle-ci n’est pas énoncée, les blessures psychologiques liées à la persistance du trauma continueront de saigner dans l’âme du peuple auquel on a menti. Peuple que l’on a traité comme un enfant, auquel l’on dissimule la vérité comme pour le protéger de la cruauté du monde, mais ce faisant que l’on traumatise, car l’enfant a l’intuition de l’horreur qui est soustraite à sa conscience, celle de vivre sous l’autorité de menteurs et de pervers qui travestissent la réalité à leur seul bénéfice. Alors le monde lui apparaîtra comme un spectacle irréel, un univers de faux-semblants où, pour reprendre la formule de Debord, le vrai lui-même est un moment du faux.
Ainsi, le peuple infantilisé ne croira plus en rien, car ce sera le règne du mensonge. Dans une perspective mystique, on pourrait dire le règne de Satan.
Et la civilisation sera à même de sombrer dans le chaos.
Alors que les dirigeants des grandes puissances de la planète se sont réunis sous la nef, plus que jamais désacralisée, instrumentalisée et aliénée à la sphère de l’utile, l’on peut lire la grande conjuration pour la mise à mort de la vérité comme le signe annonciateur des temps tragiques qui s’ouvrent devant nous.
La vérité a été sacrifiée sur l’autel de la cohésion sociale. Mais il se peut qu’un incident fortuit la fasse émerger de manière brutale, imprévisible, et que lumière soit faite sur les événements obscurs.
Ce sera le temps des révélations, comme des révolutions, celui que les croyants appellent l’apocalypse.
En résumé, peut-être saura-t-on enfin un jour qui a déclenché ce putain d’incendie criminel, dont la malveillance évidente nous crève les yeux à tous.